Une nouvelle ambition : reconstituer 20 % de couvert forestier
Entre 1960 et 1980, le secteur forestier était le troisième dans les exportations de la Côte d’Ivoire et un moteur important de la croissance économique. Toutefois, à cause du défrichement massif de la forêt ivoirienne au profit d’un développement rapide de la production agricole, l’industrie du bois a vu diminuer fortement son poids dans l’économie du pays. Néanmoins, le secteur forestier demeure essentiel non seulement pour des milliers de travailleurs dont leurs emplois en dépendent, mais aussi pour la lutte contre les changements climatiques, la perte de biodiversité et l’érosion des sols.
Jusqu’en 2014, la gestion des forêts ivoiriennes était fondée sur un Code forestier datant de 1965. Ce cadre juridique était axé sur une vision commerciale et extractive des ressources naturelles. De plus, il n’intégrait pas les multiples services environnementaux fournis par les forêts et n’encourageait pas le reboisement.
Au vu de ces défis, la Côte d’Ivoire a engagé en 2013 une série de réformes pour mettre à jour son cadre juridique et l’adapter au contexte actuel. Cette volonté politique s’est traduite par plusieurs réformes, dont l’adoption d’une nouvelle politique de préservation, réhabilitation et extension des forêts, qui vise à augmenter le taux de couverture forestière à 20 % à l’horizon 2030. À cet effet, un nouveau Code forestier a été promulgué en 2019.
Un accord de partenariat avec l’UE comme catalyseur de réformes
L’UE étant le marché de destination d’environ 50 % des exportations de produits bois ivoiriens, les deux parties ont initié en 2013 la négociation d’un accord commercial sur le bois, l’APV FLEGT. Cet accord vise à garantir la légalité dans l’ensemble de la filière bois-forêt, ce qui implique le respect des dispositions économiques, environnementales et sociales contemplées dans la législation ivoirienne. Ceci inclut non seulement l’exportation de bois et produits dérivés de la Côte d’Ivoire à l’UE, mais aussi l’exploitation forestière, la transformation et le transport du bois. Il vise également à améliorer la gouvernance forestière et à soutenir une gestion plus durable des forêts.
Comme l’explique le Lieutenant-Colonel SYLLA Cheick Tidiane, « À travers le processus APV, l’État ivoirien veut atteindre deux grands objectifs : accélérer la mise en œuvre d’un ensemble de réformes pour améliorer la gouvernance forestière au niveau national, et garantir la légalité et la traçabilité des bois qu’il exporte sur le marché de l’UE et sur d’autres marchés, y compris le national ».