Selon un proverbe Africain, ‘Si tu veux aller vite, marche seul, mais si tu veux aller loin, marchons ensemble.’ L’engagement croissant de la société civile dans la gestion des ressources naturelles en République Centrafricaine semble bien indiquer que le pays est disposé à aller loin.
Il y a dix ans, la société civile centrafricaine n’était ni visible ni très organisée sur les sujets forestiers et environnementaux. Comme le remarque Bruce Deguene, Chargé de Programme Forêt WWF-RCA, moins de cinq ONG ‘jouaient pleinement leur rôle’. Aujourd’hui, ce dernier explique qu’il y en a ‘plus d’une trentaine au niveau national, qui sont réunies au niveau d’une plateforme nationale.’ En effet, la plateforme de la société civile de Gestion Durable des Ressources Naturelles et de l’Environnement a été mise en place en avril 2011. Cette organisation faitière qui participe à tous les processus de prise de décision dans le secteur forestier.
Pour l’un des pays les plus pauvres de la planète, qui est confronté à la violence et aux conflits depuis plusieurs années, cette transformation est tout à fait remarquable. Une question vient donc à l’esprit : à quoi peut-on attribuer ce changement ? La réponse est un Accord de Partenariat Volontaire (APV) avec l’Union européenne (UE), que la République Centrafricaine a négocié et ratifié en 2012. Cet Accord s’inscrit dans le cadre du Plan d’action FLEGT (Application des réglementations forestières, gouvernance et échanges commerciaux) de l’UE. Bien qu’il ne soit pas encore opérationnel, sa négociation et les efforts entamés pour sa mise en œuvre ont déjà contribué à promouvoir l’émergence de la société civile, qui joue aujourd’hui son rôle de sentinelle.
Les APV doivent être fondés sur un consensus entre l’administration publique, le secteur privé, la société civile et les autres parties prenantes. En République Centrafricaine, l’engagement de la société civile va bien au-delà de la simple consultation. Comme le fait remarquer M. Deguene, ‘ce n’est pas de la consultation pour la figuration, c’est de la consultation qui a un impact sur la gestion des ressources naturelles.’ En effet, la société civile centrafricaine n’est pas seulement invitée à s’exprimer, elle fait partie intégrante du processus de prise de décisions. Les ONG présentes dans le pays se coordonnent pour identifier des priorités. Ensemble, elles sont capables d’exercer plus de pression sur l’administration.
‘Auparavant, les choses se faisaient entre secteur public et privé, c’était bilatéral’ explique M. Deguene. Lorsque les négociations de l’APV ont débuté en 2009, des ‘collèges’ ont été constitués : un pour l’administration publique, un pour le secteur privé et un pour la société civile. Plusieurs années plus tard, l’engagement de la société civile est maintenant bien ancré dans la manière de faire du pays. ‘Aujourd’hui la discussion est nécessairement tripartite,’ ajoute-il.